René Siret, directeur général de l’ESA d’Angers : « Orienter, former, diplômer, insérer sont au cœur de nos missions. »

Fondée en 1898, forte de près de 3 000 apprenants, d’un continuum complet de formations allant du bac pro au diplôme d’ingénieur, et d’une activité de recherche reconnue, l’École Supérieure des Agricultures (ESA) s’affiche comme “l’école des transitions”. À l’heure où la loi d’orientation agricole fixe un objectif ambitieux d’augmentation du nombre d’apprenants, son directeur général, René Siret, détaille la stratégie de l’établissement, son lien étroit avec les entreprises et la manière dont l’ESA accompagne concrètement les jeunes vers l’emploi.

Apecita Média : Pour commencer, pouvez-vous nous présenter l’ESA ?

René Siret : Nous sommes un établissement de 130 ans en 2028, et notre centre d’enseignement à distance, le CERCA, fêtera ses 100 ans en 2027. L’ESA est une école associative privée, reconnue EESPIG, ce qui nous engage dans des missions de service public. Aujourd’hui, nous comptons près de 3 000 apprenants, dont environ 1 000 étudiants en formation initiale, plus de 1 000 apprentis et le reste en formation à distance. L’école fonctionne grâce à 270 salariés, dont près de 140 enseignants et enseignants-chercheurs.

Notre particularité, c’est la richesse de notre offre : plus de 50 formations, du bac pro aux masters, en passant par les BTS, les licences professionnelles, les bachelors et bien sûr notre diplôme d’ingénieur agronome accrédité par la CTI. Nous formons également par la recherche, grâce à cinq unités de recherche couvrant aussi bien les productions animales et végétales que l’environnement, l’agroalimentaire ou les sciences sociales. Et depuis 2022, l’ESA se décline sur deux sites : notre campus historique d’Angers et un second à Guyancourt, près du plateau de Saclay.

Apecita Média : L’ESA propose un continuum rare dans le monde des écoles agro. Pourquoi ce choix ?

R. S. : Nous sommes effectivement un établissement atypique. Ce continuum, qui va du bac pro au diplôme d’ingénieur, permet une grande souplesse pour les jeunes. Beaucoup d’étudiants poursuivent leur parcours chez nous, parfois après un BTS ou une licence professionnelle, et d’autres peuvent se réorienter en interne si la première année ingénieur leur semble trop exigeante. Cela sécurise les parcours et offre une vraie progressivité, ce que les familles apprécient énormément.

Ce continuum ne se retrouve pas seulement dans les niveaux de formation, mais aussi dans les filières couvertes : l’ESA forme sur l’ensemble du spectre agricole et agroalimentaire, depuis les champs agro-techniques jusqu’aux dimensions agro-business.

Production végétale, production animale, alimentation, transformation, marketing, commerce : toutes ces thématiques traversent nos cursus. Les étudiants peuvent ainsi avancer dans une même spécialité ou croiser les disciplines au fil de leur parcours, ce qui constitue une véritable force de l’établissement.

Apecita Média : Comment accompagnez-vous concrètement les apprenants dans la construction de leur projet et leur insertion professionnelle ?

R. S. : L’accompagnement commence bien avant l’arrivée à l’ESA. Nous sommes présents dans plus de trente salons étudiants partout en France, nous intervenons dans de nombreux lycées agricoles et généraux et nous nous appuyons sur un réseau solide d’étudiants ambassadeurs. Nos journées portes ouvertes, très fréquentées, permettent aux jeunes et à leurs familles d’échanger directement avec les enseignants. Nous avons également renforcé le travail avec les conseillers d’orientation, car les choix d’orientation post-bac sont devenus plus complexes.

Les classements des écoles jouent eux aussi un rôle important. Nous en avons pris conscience et avons professionnalisé notre suivi des indicateurs académiques, internationaux et de recherche. Cela porte ses fruits : dans le dernier classement du Figaro Étudiant, l’ESA est classée 24ᵉ des écoles d’ingénieurs post-bac toutes catégories confondues.

Une fois les jeunes entrés à l’ESA, l’accompagnement est tout aussi dense. Le Career Center centralise toutes les offres de stage, d’alternance et d’emploi – y compris celles de l’Apecita. Nous organisons un forum des métiers et un forum de l’alternance, qui permettent aux entreprises d’échanger directement avec les étudiants. Nous avons également instauré les Mardis Pros, des rencontres hebdomadaires où professionnels et alumni viennent expliquer leur métier. Enfin, nous avons créé un Guide des métiers, très apprécié des familles, qui montre la diversité des débouchés dans les productions végétales et animales, l’agroalimentaire, l’environnement, la viticulture ou encore le marketing.

Notre proximité avec les entreprises est aussi essentielle pour notre mission d’insertion. Nous travaillons avec un réseau de plus de 1 500 partenaires. Des professionnels interviennent en cours et accueillent nos apprenants en stage et en apprentissage. Ce lien constant nous permet d’adapter nos pédagogies aux besoins du terrain et d’accompagner les entreprises dans les transitions qu’elles vivent à travers nos recherches.

Apecita Média : Vous insistez beaucoup sur la recherche. En quoi est-elle déterminante dans la formation et l’insertion ?

R. S. : La recherche nous permet d’anticiper les évolutions des métiers et des compétences. Nos cinq unités de recherche travaillent sur les transitions agricole, alimentaire, environnementale et numérique. Nous menons une recherche partenariale, en lien avec les entreprises et les acteurs socio-économiques, ce qui nous permet d’apporter des solutions concrètes aux filières. Récemment, l’étude Agrinovo sur les nouveaux profils d’agriculteurs, pilotée par notre laboratoire de recherches en sciences sociales (LARESS), a eu un rayonnement national. Les résultats alimentent nos enseignements et permettent à nos étudiants de comprendre les réalités actuelles du secteur.

Apecita Média : La loi d’orientation agricole fixe une augmentation du nombre d’apprenants. Comment l’ESA aborde-t-elle ce défi ?

R. S. : C’est un enjeu majeur. Nous renforçons notre présence dans les territoires en travaillant étroitement avec les lycées, qu’ils soient publics ou privés. Ces partenariats portent sur la pédagogie, les plateaux techniques, les projets communs ou la promotion des métiers. Nous participons aussi aux dynamiques nationales, comme le projet Avenir Agro, soutenu par France 2030, qui vise à faire connaître les métiers d’ingénieur agro. Le ministère travaille également à un plan de promotion de l’enseignement technique agricole, auquel nous contribuons.

Apecita Média : Le nouveau Bachelor Agro doit jouer un rôle central dans cette montée en capacité. Comment l’ESA s’y prépare-t-elle ?

R. S. : Nous avons été parmi les premiers établissements à soutenir l’idée d’un bac +3 agricole. Ce niveau manquait clairement dans l’offre de formation. Lorsque le projet de loi a confirmé la création du Bachelor Agro, nous étions prêts. Nous avons travaillé très tôt avec les lycées pour créer des partenariats, car ce diplôme repose sur une collaboration entre un établissement d’enseignement supérieur et un lycée.

Pour la rentrée 2026, deux Bachelors Agro en un an en post bac+2 ouvriront, nous l’espérons : l’un en agronomie sur notre site de Guyancourt, en partenariat avec le lycée de Nermont en Eure-et-Loir, et l’autre en production animale à Angers avec le lycée Les Établières en Vendée.

Pour la suite, la demande est déjà très forte. Nous discutons avec plusieurs lycées de Bretagne, du Centre-Val de Loire ou des Pays de la Loire notamment, pour des ouvertures en 2027. Certaines pourraient concerner de nouveaux domaines, comme le génie de l’eau, la robotique et le numérique appliqués à l’agriculture, ou les filières forêt et transition.

Ce dispositif est gagnant-gagnant. Les lycées renforcent leur attractivité en affichant un partenariat avec une école d’ingénieurs, et l’ESA gagne en visibilité dans des territoires où elle était moins présente. Pour les étudiants, c’est un tremplin vers l’emploi, mais aussi vers la poursuite d’études, notamment en école d’ingénieurs, ce qui répond pleinement à l’objectif national d’augmenter le nombre d’ingénieurs agro d’ici 2030. Nous prenons donc pleinement notre part dans la mission nationale qui consiste à former les professionnels agricoles de demain.

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