A lire : les diplômes ont-ils perdu de leur valeur ?
Moins de la moitié des étudiants trouvent un emploi dans leur domaine de formation, et seulement un tiers des actifs exercent une profession en lien avec leur formation initiale. Dès lors, quelle valeur accorder exactement aux diplômes ? C’est la question à laquelle tente de répondre Marie Duru-Bellat, Professeure des universités émérite en sociologie, dans un article publié sur The Conservation
Dans une société où l’égalité est un principe fondamental, allouer les emplois en fonction des compétences semble juste et efficace, mais évaluer ces compétences reste complexe. L’institution scolaire, par le biais des diplômes, se voit confier cette responsabilité.
Les diplômes sont ainsi censés garantir la valeur professionnelle des individus, notamment en France, où des nomenclatures établissent des correspondances entre niveaux d’études et qualifications des emplois. Cependant, l’élévation rapide des niveaux de formation par rapport à celle des qualifications des emplois remet en question cette adéquation. Ainsi, la valeur marchande des diplômes tend à diminuer avec le temps, en raison de leur abondance relative par rapport aux emplois correspondants.
Comme le souligne dans un article publié sur The Conservation, Marie Duru-Bellat, Professeure des universités émérite en sociologie, en trente ans, le pourcentage de personnes ayant au moins un bac parmi les ouvriers non qualifiés est passé de 0 à 23 %. Peut-on encore considérer ces emplois comme non qualifiés ? De plus, moins de la moitié des étudiants trouvent un emploi dans leur domaine de formation, et seulement un tiers des actifs exercent une profession en lien avec leur formation initiale.
Des soft skills de plus en plus valorisées
Ces décalages érodent la confiance dans les diplômes. Bien que ceux-ci restent « rentables » en termes de taux de chômage et de salaire, ils ne garantissent plus nécessairement des compétences techniques spécifiques. Les employeurs valorisent de plus en plus des compétences transversales, ou « soft skills », telles que le dynamisme et la motivation, brouillant ainsi l’adéquation entre diplôme et qualification.
Le diplôme fonctionne également comme une barrière et une garantie pour certains groupes professionnels, protégeant ceux qui le possèdent et excluant les autres. Sa valeur symbolique, au-delà de sa valeur technique, est modulée par des facteurs tels que l’origine sociale ou le genre. Par exemple, les femmes diplômées dans des professions considérées comme « masculines » peuvent avoir du mal à faire reconnaître leur compétence.
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