Classe Agro Véto post-BTSA/BTS : un an pour franchir la marche vers les études longues

Lancée en 2024 par le ministère de l’Agriculture, la Classe Agro Véto post-BTSA/BTS offre aux diplômés de BTS agricoles une passerelle vers les écoles d’ingénieurs et vétérinaires. Une année exigeante mais bienveillante, qui remet les étudiants à niveau et les prépare aux études supérieures longues. Arnaud Talewée, professeur de physique-chimie au lycée Théodore Monod (Rennes – Le Rheu), nous éclaire sur le fonctionnement de cette formation.

Longtemps, les titulaires de BTS agricoles ont eu du mal à poursuivre vers les écoles d’ingénieurs agronomes ou vétérinaires. La plupart des places en classes ATS (Adaptation Technicien Supérieur) – voie d’accès traditionnelle aux concours Agro-Véto – étaient en effet occupées par des diplômés d’IUT, mieux armés pour les épreuves scientifiques. Pour offrir enfin aux étudiants de BTS une voie d’accès équitable aux études supérieures longues, le ministère de l’Agriculture a lancé en 2024 la Classe Agro Véto post-BTSA/BTS (AVPB).

Cette formation d’un an, implantée dans dix lycées agricoles en France, constitue une passerelle entre le BTS et les écoles d’ingénieurs agronomes ou vétérinaires.

Un concours anticipé dès la deuxième année de BTS

L’accès à la classe Agro Véto se fait via un concours national organisé en deuxième année de BTS. La réussite à ce concours leur assure une place dans une école d’ingénieur agronome ou vétérinaire à l’issue de la prépa. Les candidats classent ensuite les dix classes Agro Véto existantes selon leurs préférences, à la fois pour la voie “Agro” et la voie “Véto” – deux parcours qui partagent les mêmes épreuves mais donnent lieu à des classements distincts. « Le nombre de places est fixé par le ministère, et les affectations se font selon les vœux et le rang obtenu au concours », précise Arnaud Talewée, professeur de physique-chimie au Lycée Théodore Monod (Rennes – Le Rheu).

Les admis rejoignent leur établissement dès début septembre, pour une année dense qui s’étend jusqu’à la fin juin. Chaque promotion compte environ 15 étudiants, issus de BTS et BTSA très variés : Métiers de l’élevage, Métiers du végétal, Aquaculture, Bioanalyses en laboratoire de contrôle, Analyses Biologiques Biotechnologiques, Agricoles et Environnementales…

Les baccalauréats d’origine sont tout aussi divers : bacs généraux, STAV ou professionnels. « La filière joue ainsi un véritable rôle d’ascenseur social, souligne l’enseignant. On accueille une proportion importante d’étudiants boursiers, bien plus élevée que dans les prépas classiques. »

Une année propédeutique pour harmoniser les niveaux

L’objectif de cette année de transition est clair : remettre tous les étudiants à niveau et les préparer aux exigences des études longues. « C’est une classe propédeutique : on donne les clés de la réussite pour la poursuite d’études », explique Arnaud Talewée.

Le programme du premier semestre est commun à tous, avec un socle scientifique solide :

  • Biologie-écologie : 9 h
  • Mathématiques et informatique : 9 h
  • Physique-chimie : 9 h
  • Français-philosophie : 6 h
  • Anglais : 4 h

Soit près de 40 heures hebdomadaires, auxquelles s’ajoutent des heures d’accompagnement personnalisé (3 h par enseignant), permettant un suivi quasi individuel grâce aux petits effectifs.

Au deuxième semestre, les étudiants suivent encore un tronc commun, mais certaines matières (maths, biologie, physique-chimie) se déclinent en enseignements de spécialité selon la voie Agro ou Véto.

Deux projets interdisciplinaires rythment l’année :

  • le PIMS (Projet Interdisciplinaire de Médiation Scientifique) au premier semestre, orienté vers la vulgarisation scientifique. Ce travail de groupe est évalué en anglais et en français
  • le Projet d’Activité Collaborative en Sciences (ACeS) au second semestre, centré sur l’expérimentation et la communication scientifique. La soutenance orale finale se fait à partir d’un poster scientifique.

Une évaluation exigeante et nationale

La réussite repose sur un classement au mérite, basé sur le contrôle continu (50 %) et sur des épreuves nationales de fin de semestre (50 %). Les enseignants des dix classes collaborent étroitement pour élaborer sujets et barèmes, sous la supervision de l’inspection de l’enseignement agricole.

Les évaluations continues combinent :

  • des évaluations d’automatismes (vocabulaire, définitions, calculs) ;
  • des devoirs surveillés réguliers (toutes les 4 à 5 semaines pour chaque matière) ;
  • et des évaluations expérimentales, valorisant les compétences techniques des étudiants.

« C’est un rythme soutenu, mais il permet d’encourager le travail régulier », note le professeur. Les notes et appréciations sont ensuite saisies sur la plateforme Parcours Agro Véto, qui centralise les résultats pour la commission nationale d’affectation. Les étudiants classent leurs vœux d’écoles en mai, avant la répartition finale en juin.

La réussite dépend grandement de l’investissement personnel « Les abandons restent rares, mais ils existent », reconnaît le professeur.

Le règlement des études fixe des seuils précis : si un étudiant ne participe pas à un nombre suffisant d’évaluations, son année ne peut être validée. Un redoublement est possible une seule fois en cas de force majeure (notamment pour raison de santé).

Un accompagnement fort vers le projet professionnel

La formation inclut aussi un accompagnement à l’orientation intégré dans l’emploi du temps. Les étudiants y explorent les spécificités des écoles Agro et Véto et construisent leur projet d’avenir. « On les aide à formuler des projets réalistes, avec toujours un plan B », précise Arnaud Talewée. Certains, comme les étudiants d’aquaculture, visent clairement l’Institut Agro de Rennes, réputé pour sa spécialité halieutique — mais les places y sont rares : cinq seulement en 2024.

A noter que chaque école d’ingénieur et vétérinaire est accessible quelle que soit la localisation de la classe Agro Véto post BTSA/BTS.

Au Lycée Théodore Monod, la première promotion, sortie en 2025, a enregistré de très bons résultats : sur 15 étudiants, 13 ont obtenu leur premier vœu, une son deuxième et une son troisième.

Mais l’ensemble des étudiants ont su trouver leur place dans leur nouvelle école et les retours d’anciens confirment la pertinence de la formation comme cette étudiante qui a intégré l’École nationale vétérinaire de Toulouse : « Je ne ressens pas de décalage particulier. Le rythme de partiels est identique, on s’y retrouve facilement. » Une de ses anciennes camarades de Rennes qui est aujourd’hui à VetAgroSup explique que « La prépa m’a appris la rigueur, la méthode et l’ouverture d’esprit. Ce qui me manquait, c’était la pratique agricole — que je retrouve enfin en école. »

La Classe Agro Véto post-BTSA/BTS s’impose comme une voie d’excellence inclusive. Elle offre à des étudiants issus de formations techniques une réelle chance d’accéder aux métiers d’ingénieur et de vétérinaire. « C’est une classe exigeante et rigoureuse, mais profondément humaine et bienveillante, conclut Arnaud Talewée. On les suit de près, on les voit progresser, et quand ils intègrent leur école, on est fiers d’eux. »

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