Bio Centre et Apecita : une formation sur mesure pour les agriculteurs bio engagés dans le Label FNAB 

Dans le cadre du label de la FNAB, qui vise à renforcer les engagements environnementaux et sociaux de l’agriculture biologique, l’Apecita et Bio Centre ont organisé une formation inédite pour accompagner les producteurs dans leur rôle d’employeur et de manager. Retours d’expérience d’un agriculteurs convaincu, Olivier Chaloche, producteur bio dans le Loiret et co-président de la FNAB 

En décembre dernier, Bio Centre, l’association interprofessionnelle de la filière biologique en Centre-Val de Loire, a sollicité l’Apecita pour organiser une formation destinée aux agriculteurs et agricultrices engagés dans le Label FNAB. Ce label, lancé par la Fédération Nationale d’Agriculture Biologique, ne se concentre pas uniquement sur la qualité des produits, mais met l’accent sur des enjeux sociaux et environnementaux forts, avec une logique de progrès sur plusieurs années. 

Comme l’explique Olivier Chaloche, agriculteur bio installé en Gaec avec sa compagne et son fils dans le Loiret et co-président de la FNAB : « Avant les années Covid, la bio a connu une très forte croissance. Mais avec ce changement d’échelle de la bio, nous avons ressenti, à la FNAB, une certaine perte d’exigence dans le cahier des charges européen. C’est pourquoi la fédération a décidé de se différencier en créant, en 2020, le label FNAB Bio France. L’idée était d’aller plus loin sur la biodiversité, par exemple en instaurant une obligation d’implantation de haies aux abords des parcelles, mais aussi sur le social : interdire le recours au travail détaché, garantir des conditions de travail équitables… » 

Car il insiste surtout sur un point souvent sous-estimé : en bio, la main-d’œuvre est plus importante qu’en conventionnel. « Quand on n’utilise pas d’engrais azotés de synthèse ni de produits chimiques, on remplace la chimie par du travail humain. Résultat : on embauche plus vite et plus de salariés que sur une ferme conventionnelle. Et gérer des hommes et des femmes, ça ne s’improvise pas. Ça s’apprend ! » 

Une grande place au partage d’expériences 

C’est notamment pour cela que les agriculteurs qui s’engagent dans le Label FNAB doivent, à partir de la deuxième année, suivre une formation sur certains enjeux sociaux. Bio Centre a donc sollicité l’Apecita pour proposer une formule adaptée à leurs besoins. Ensemble les deux partenaires ont-construit une session intitulée « Rôle social et managérial de l’employeur ». 

« L’objectif était de leur donner des clés à la fois sur les obligations légales, sur leur posture de manager et sur la notion de bien-être au travail » détaille Emanuelle Bergoend, déléguée régionale de l’Apecita Centre-Val-de-Loire qui a animé cette formation avec son homologue d’Ile-de-France, Laurence Stey. 

Durant deux jours, les deux déléguées ont apporté bon nombre de connaissances théoriques autour des outils d’encadrement, de la posture managériale de l’employeur, du processus de recrutement, ainsi que de la communication visant à favoriser le bien-être au travail… 

A travers des exercices pratiques, elles ont surtout fait place à l’échange avec et surtout entre les participants, ce qui a été, semble-t-il, fortement apprécié, comme en témoigne Olivier Chaloche : « Les mises en situation étaient vraiment intéressantes. Elles nous ont permis de nous nourrir des expériences des uns et des autres. On a échangé sur des situations réelles, sur des solutions concrètes. On est sortis de là avec des idées applicables dès le lendemain. » 

Connaître ses forces… et ses faiblesses 

Autre moment fort : le test TLP-Talent passé par l’ensemble des participants : « Ce test nous a permis de mieux nous connaître : nos points forts, mais aussi nos points faibles, insiste l’agriculteur. Et c’est essentiel pour interagir correctement avec ses salariés, ses apprentis, ses stagiaires, mais aussi ses associés ou même sa famille. On ne gère pas de la même façon quand on sait comment on fonctionne, où sont nos limites, et comment les autres peuvent nous percevoir. » 

Pour Olivier Chaloche, cette formation répond à un vrai besoin. « Au-delà du label, je pense que tout agriculteur qui s’installe devrait suivre ce type de formation, qu’il soit en bio ou en conventionnel. Je regrette qu’on soit capable de dépenser 150 000 € dans un tracteur, mais qu’on investisse aussi rarement dans le management. Car, quand l’humain va, tout va. Une équipe bien gérée, écoutée, responsabilisée, ça change tout dans le fonctionnement d’une exploitation. Pour ma part, j’ai toujours été sensibilisé à cette thématique et je suis persuadée que cela a participé à la réussite de mon exploitation. Et grâce à la formation de l’Apecita, ça ne pourra aller que toujours plus dans le bon sens ! » 

Au-delà de mieux se connaitre, cette formation a permis aux participants de repartir avec des outils et de bonnes pratiques à mettre en place. « Sur mon exploitation, les entretiens annuels sont désormais organisés de manière formalisée, avec un temps dédié pour échanger sur les besoins, les évolutions et les attentes de chacun, détaille pour sa part Olivier Chaloche. Je mise aussi beaucoup sur les réunions d’équipe qui favorisent la communication et la coopération entre chaque membre de l’équipe. Les responsabilités sont mieux partagées, en tenant compte des compétences et des motivations de chacun. »  

Et celui qui a été élu à la co-présidence de la FNAB en mai dernier compte bien appliquer tout l’apport de cette formation au sein même du fonctionnement interne de sa fédération, pour une bio toujours plus exigeante, sociale et durable !