Recrutement : l’intelligence artificielle plus performante que l’humain ?
Et si le recruteur de demain n’était plus un humain, mais une voix générée par l’intelligence artificielle ? C’est la question que soulève une étude menée par Luca Henkel (Erasmus School of Economics) et Brian Jabarian (Chicago Booth Business School). Les deux chercheurs apportent pour la première fois une preuve causale solide : des agents vocaux basés sur l’IA générative sont capables de conduire des entretiens d’embauche aussi efficacement – voire mieux – que des recruteurs humains.
Une expérience grandeur nature avec 70 000 candidats
L’expérience s’est déroulée en partenariat avec PSG Global Solutions, filiale du groupe Teleperformance spécialisée dans le recrutement de masse. Plus de 70 000 candidats postulant à des postes de service client ont été répartis au hasard en trois groupes : entretien avec un recruteur humain, entretien avec une IA vocale (baptisée Anna AI), ou libre choix entre les deux.
Dans tous les cas, la décision finale d’embauche restait prise par un recruteur humain, sur la base de l’entretien et d’un test standardisé.
Des résultats qui bousculent les pronostics
À la surprise générale, les entretiens menés par l’IA se sont révélés plus performants que ceux animés par des recruteurs :
- +12 % de chances d’obtenir une offre d’emploi,
- +18 % de chances de réellement commencer le poste,
- +17 % de chances de rester en poste après 30 jours.
Ces gains s’expliquent par la capacité de l’IA à suivre rigoureusement le guide d’entretien et à couvrir davantage de thèmes pertinents, tout en réduisant certains biais ou comportements parasites observés chez les humains.
Des candidats plutôt favorables
Autre enseignement fort : 78 % des candidats préfèrent être reçus par l’IA lorsqu’on leur laisse le choix. Loin de susciter de la méfiance, cette technologie est perçue comme équitable et efficace. Les taux de satisfaction restent comparables entre les deux modalités, même si les entretiens avec l’IA sont jugés « moins naturels ». À noter, un effet inattendu : les signalements de discrimination de genre sont presque divisés par deux avec l’IA (3,3 % contre 6 % avec un recruteur humain).
Les limites : technique et perception
Tout n’est pas parfait. Environ 7 % des entretiens avec l’IA ont été perturbés par des problèmes techniques, et 5 % des candidats ont refusé de poursuivre une discussion avec une machine. De plus, les recruteurs, conscients du rôle de l’IA, tendent à compenser en accordant davantage de poids aux tests standardisés pour finaliser leurs décisions.
Un tournant pour le recrutement ?
« Cette recherche offre un rare aperçu de la performance de l’IA dans une tâche humaine complexe et socialement nuancée », souligne Luca Henkel.
Reste à voir comment les professionnels des ressources humaines accueilleront cette évolution, entre promesse d’efficacité et crainte de déshumaniser un moment clé de la relation employeur-candidat.
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