Nouveaux installés agricoles : casser le mythe de la frontière entre “héritiers” et “hors cadre” 

Publié le 18 septembre 2025
Temps de lecture estimé : 3 min

Alors que le nombre d’exploitations agricoles françaises continue de diminuer, une question s’impose : qui sont les nouveaux entrants dans le métier, et surtout ceux « non issus du milieu agricole » (NIMA) ? Une étude pilotée par l’INP-AgroToulouse dans le cadre du projet AgriDinamo vient bousculer plusieurs idées reçues. 

On pourrait croire que les NIMA, sans ancrage familial, se limitent à des projets de petite taille, en marge du modèle dominant. Or, l’analyse statistique issue du Recensement agricole 2020 révèle qu’ils sont présents dans tous les types d’exploitations, y compris les plus grandes et les plus complexes. Dans certaines structures « de firme », jusqu’à 70 % des nouvelles installations sont hors cadre familial. 

Des parcours divers, entre reconversion et entrepreneuriat 

L’étude, qui combine statistiques et entretiens dans l’Hérault, le Gard et la Lozère, montre que la majorité des nouveaux installés – qu’ils soient NIMA ou issus du milieu agricole (IMA) – partagent une caractéristique : la reconversion professionnelle. Près de 80 % des enquêtés ont connu une autre carrière avant de s’installer, motivés par la recherche de sens ou par des opportunités foncières. 

Les NIMA se distinguent néanmoins par certains choix : davantage de femmes, une installation plus fréquente en maraîchage ou en circuits courts, et une orientation marquée vers la qualité (bio, AOP). Mais les frontières ne sont pas étanches : un quart d’entre eux accèdent malgré tout à des exploitations de taille conséquente, tandis que des IMA créent des micro-structures ou réorientent fortement l’exploitation familiale. 

Des trajectoires complexes et souvent fragiles 

L’installation reste un parcours semé d’embûches, quel que soit le profil. Entre accès difficile au foncier, recherche de capitaux et charges de travail importantes, nombre de projets restent fragiles. Les données de la MSA en Languedoc révèlent un taux élevé de cessations précoces, notamment chez les jeunes femmes cotisantes solidaires installées en maraîchage ou en petites filières spécialisées. 

La vraie nouveauté : la diversité des modèles 

Au final, la distinction NIMA/IMA ne suffit pas à expliquer les dynamiques d’installation. Ce qui émerge surtout, c’est une diversité de stratégies entrepreneuriales, allant de la reprise dans la continuité familiale à la création de micro-fermes de niche, en passant par l’intégration dans des exploitations de type « firme » fortement capitalisées. 

« Plus que le profil seul de l’installé, c’est surtout la socialisation primaire avec le monde agricole, le développement d’une capacité entrepreneuriale et les ressources mises à disposition pour l’installation qui structurent les parcours », concluent les chercheurs. 

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