De l’armée à la vigne : la reconversion réussie de Marc Bibal

Rien ne destinait Marc Bibal à devenir vigneron. Et pourtant, après dix ans passés sous les drapeaux, il a trouvé dans la vigne une nouvelle vocation, faite de rigueur, de transmission et de passion. Aujourd’hui responsable d’exploitation dans l’Hérault, il revient sur un parcours marqué par plusieurs réorientations, un goût prononcé pour les défis et un accompagnement précieux de l’Apecita.

Issu d’une famille de vignerons mézois, Marc Bibal n’était pourtant pas destiné à suivre les traces de ses ancêtres. « Mon grand-père avait tout arraché dans les années 1990, et mon père n’avait pas repris derrière. » Passionné par l’histoire, il entame des études universitaires jusqu’aux portes du doctorat, avant de bifurquer radicalement : « Je travaillais sur les carrières militaires dans l’Antiquité romaine… alors j’ai voulu tester ce que c’était vraiment d’être soldat, mais à l’époque moderne ! »

En 2007, il s’engage dans l’armée et intègre l’école de Saint-Cyr Coëtquidan. Officier sous contrat, il servira dix ans, principalement en Alsace, après un passage par l’Allemagne. « J’étais officier, responsable de 140 hommes, j’ai participé à plusieurs missions à l’étranger. L’armée m’a appris la rigueur, la gestion humaine et la prise de décision rapide. »

Mais en 2016, la déflation des effectifs le pousse à quitter l’uniforme : « Mon contrat s’est terminé et l’armée avait l’obligation de me reconvertir. » D’abord tenté de revenir à la recherche universitaire, il se heurte à la rareté des postes. C’est alors qu’il décide de « revenir au pays » et de se tourner vers un secteur… qu’il n’avait jamais envisagé : la vigne.

Une première reconversion vers le commerce

« Comme je n’étais pas du tout technicien, j’ai d’abord visé les fonctions commerciales. » Marc Bibal reprend alors ses études à Montpellier, à l’Institut supérieur du vin, où il obtient un MBA en commerce international des vins. Il découvre les rouages du secteur en travaillant pour des coopératives et maisons de négoce, mais la période du Covid vient bouleverser sa trajectoire : « Mon contrat n’a pas été renouvelé, et finalement, le confinement m’a offert le temps de réfléchir à ce que je voulais vraiment faire. »

C’est à ce moment-là qu’un ancien camarade militaire lui parle d’une reconversion en BTSA viticulture-œnologie. « Il avait 50 ans, il s’était lancé dans la vigne. Il m’a dit : “Tout est faisable.” Et je me suis dit : pourquoi pas moi ? »

Un retour à la vigne

Marc se renseigne, rencontre le CFA Agropolis de Montpellier et sa directrice, qui le convainc de se lancer. « En cinq ans, j’ai fait deux reconversions professionnelles ! J’ai attaqué le BTSA viti-oeno en alternance adulte, entre les cours à Montpellier et le travail dans un domaine viticole. »

En 2022, diplôme en poche, il est embauché par son domaine d’accueil comme chef de culture, avant de chercher à prendre davantage de responsabilités : « En tant qu’ancien officier, j’avais besoin de retrouver ce sentiment de responsabilité, de décision et de gestion d’équipe. »

Marc Bibal rejoint ensuite un grand domaine du Languedoc, où il supervise à la fois la vigne et la cave : « J’ai toujours voulu faire les deux : la viticulture et la vinification. Après tout, j’ai un BTS “Viti-Oeno”, donc j’ai les compétences pour les deux. » Mais l’expérience tourne court : « L’environnement humain ne me convenait pas, alors j’ai décidé de partir. » C’est à ce moment-là qu’il fait appel à l’Apecita pour l’aider à rebondir.

L’Apecita, un appui décisif pour cibler sa recherche

Connaissant déjà Morgane Prost, déléguée régionale de l’Apecita-Occitanie qu’il avait rencontré lors de la première assemblée générale de l’association des anciens élèves du CFA, Marc Bibal la contacte début 2025 pour être accompagné dans sa recherche d’emploi. « J’étais à un moment où je savais exactement ce que je voulais : un poste à responsabilités, mais dans une structure à taille humaine, et si possible dans ma région. »

Il avait jusque-là utilisé des sites d’emploi spécialisés, sans succès : « Sur certains sites, on envoie des CV, mais on n’a pas de retour. Il n’y a pas de contact humain. Avec Morgane, c’était tout l’inverse. »

La conseillère de l’Apecita prend le temps de comprendre son profil et d’affiner les offres : « Elle m’a dit : “Plus vous serez précis, plus on ciblera les bons postes.” Et c’est ce qui s’est passé. »

Grâce à cet accompagnement, il découvre une annonce correspondant parfaitement à ses attentes : un poste de responsable d’exploitation viticole près de Béziers, dans son secteur d’origine. « Quand j’ai vu l’annonce, j’ai su que c’était celle-là. Et tout s’est fait naturellement. »

Un nouveau chapitre professionnel

Depuis l’été 2025, Marc Bibal gère l’exploitation viticole avec enthousiasme. « Tout se passe vraiment très bien. Je retrouve à la fois le terrain, le management et le sens du collectif que j’aimais dans l’armée. Et c’est un domaine très dynamique avec de nombreux projets. C’est réellement motivant. »

S’il mesure le chemin parcouru, il reste lucide sur les difficultés rencontrées : « Quand on quitte l’armée, le plus difficile, c’est que les employeurs civils ne connaissent pas les compétences qu’on y développe. Pourtant, 95 % de ce qu’on apprend là-bas est transférable au civil : la discipline, la gestion humaine, la réactivité, la capacité d’adaptation… »

Son parcours, à la croisée de l’histoire, de la défense et de la viticulture, illustre surtout qu’une reconversion réussie, c’est avant tout une question de valeurs et de passion.

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