Changer de cap grâce au bilan de compétences : le pari réussi d’Anne Lefeuvre

Publié le 12 septembre 2025
Temps de lecture estimé : 7 min

Après une quinzaine d’années passées sur une exploitation laitière, Anne Lefeuvre a entamé une reconversion professionnelle guidée par un bilan de compétences réalisé avec l’Apecita. Un accompagnement décisif qui lui a permis de prendre conscience de ses aptitudes, de repenser son avenir et d’oser franchir le pas vers un nouveau projet.

Rien ne prédestinait Anne Lefeuvre au métier d’agricultrice. « Je ne suis pas issue du milieu agricole » annonce-t-elle d’emblée. Entre 2001 et 2006, elle travaille dans la sécurité publique comme adjoint de sécurité. C’est avec son conjoint, exploitant laitier, qu’elle met progressivement un pied dans le monde rural : « En 2007, il a été arrêté huit mois à cause d’un problème de dos. J’étais alors sans emploi, et il m’a proposé d’être salariée sur l’exploitation. »

C’est le début d’une nouvelle aventure. Anne suit un BPREA en 2008-2009, puis s’installe officiellement en 2009 sur l’exploitation laitière familiale. À l’annonce de la suppression des quotas laitiers au début des années 2010, elle s’investit dans la création de l’organisation de producteurs Cleps Ouest, devenue aujourd’hui Ouest Lait. « Je n’avais aucune culture laitière à la base, mais je me suis beaucoup investie. J’y ai beaucoup appris » confie-t-elle.

Mais les choses évoluent rapidement avec l’arrivée de la crise Covid. « J’ai commencé à ne plus me sentir bien dans mon quotidien. Je ne voyais pas d’évolution possible. J’avais envie de découvrir d’autres horizons mais je sentais qu’il me manquait quelque chose pour sauter le pas » explique Anne.

Un déclic et une rencontre

C’est en parlant de son mal-être à une autre agricultrice que cette dernière lui conseille de s’inscrire à la session « Continuer ou se reconvertir » animée par la Chambre d’Agriculture et la MSA (lire l’encadré). En novembre 2024, elle se retrouve donc, durant 3 jours, avec 8 autres exploitants. « Trois jours, ça peut paraître court pour faire le point sur sa situation mais je vous assure que, lorsqu’on s’y investit, ça remue, même si ça peut paraître parfois brutal. »

C’est à cette occasion qu’elle fait la connaissance d’Aurélie Pégard, conseillère RH à l’Apecita Bretagne, venue présenter les services de l’association, dont le bilan de compétences. L’agricultrice décide alors de passer le cap en la sollicitant.

De ce bilan, Anne retient avant tout la qualité de l’accompagnement : « Dès notre première rencontre avec Aurélie, je me suis dit : “C’est la personne qu’il me faut”. Et cela s’est confirmé. Elle a toujours eu des remarques très pertinentes qui ont été propices à la réflexion et dont certaines résonnent encore ! »

Ce cheminement personnel prend aussi la forme d’un véritable travail d’introspection. Anne Lefeuvre avait un objectif clair : « Je voulais prendre conscience de mes capacités, de mes compétences. J’avais besoin de poser les choses à plat. J’avais aussi du mal à me dire que ce que je considérais parfois comme du simple bon sens, c’était parfois une réelle compétence… »

Une nouvelle voie qui se dessine

Progressivement, ce bilan lui permet d’explorer différentes pistes professionnelles. Rapidement, un domaine se détache : la comptabilité, et plus précisément le métier d’aide-comptable, qui revient régulièrement dans les exercices.

Encouragée à réaliser des enquêtes métiers, elle envisage un temps d’intégrer un BTSA Acse (Analyse, conduite et stratégie de l’entreprise agricole) en formation continue, pour valoriser son expérience d’exploitante agricole. Mais elle se heurte rapidement à des contraintes trop lourdes : « Le programme avait été entièrement refondu, avec beaucoup d’heures en présentiel. C’était trop long pour moi » détaille-t-elle.

Elle explore ensuite la piste d’un BTSA à distance, mais là encore, le format ne lui convient pas. « J’ai besoin de contact humain. Passer deux ans seule derrière un écran, ce n’était pas possible !» Quant à la VAE (validation des acquis de l’expérience), elle l’écarte également : trop chronophage et énergivore sans apprentissage supplémentaire, selon elle.

Bien outillée pour aborder sa recherche d’emploi

Face à ces options peu adaptées à sa situation et à ses attentes, Anne choisit finalement une voie plus directe : chercher un emploi sans reprendre d’études longues. Elle s’oriente vers des postes en secrétariat ou accueil. Grâce aux conseils d’Aurélie, elle formalise son expérience sous forme de CV, postule à une offre et décroche un entretien. « J’ai fini dans la “short list”. Ce n’est pas rien pour une première candidature ! » se réjouit-elle.

Toujours présente sur l’exploitation familiale en attendant la transmission, Anne poursuit activement sa recherche d’emploi : « C’est un boulot à plein temps ! » Mais elle assume pleinement ce virage : « J’ai découvert que j’avais les capacités de rebondir. Ce que j’ai vécu m’a donné confiance. Un bilan de compétences, il faut s’y investir à fond pour aller chercher le meilleur de soi-même et je ne le regrette pas. Bien au contraire. Aujourd’hui, mon énergie est là. Je veux du concret, de l’échange, et grâce à l’Apecita, j’ai les outils nécessaires pour avancer. »

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