Réorientation après le bac : vers une année d’exploration plutôt qu’un échec ?
Alors que les lycéens découvrent leurs résultats sur Parcoursup, une autre réalité se dessine pour près d’un étudiant sur cinq déjà engagé dans l’enseignement supérieur : la réorientation. Ce chiffre record, mis en lumière par une enquête approfondie publiée sur The Conversation, remet en question l’idée selon laquelle changer de voie serait un aveu d’échec.
Depuis la massification scolaire des années 1960, l’accès au supérieur s’est élargi, mais les inégalités persistent. La première année post-bac agit désormais comme une phase d’ajustement, où de nombreux étudiants testent une orientation, puis rectifient leur trajectoire. Ces réorientations sont majoritairement progressives : rares sont les ruptures radicales, la plupart des jeunes restant dans des domaines proches de leur choix initial.
Dans son étude publiée sur The Conversation, Dorian Vancoppenolle, doctorant en Sciences de l’Éducation et de la Formation à l’Université Lumière Lyon 2, s’est appuyé sur les données Parcoursup entre 2018 et 2023, en se concentrant sur les étudiants qui se sont réinscrits après une première année dans le supérieur.
Les inégalités persistent
L’enquête révèle aussi les inégalités sociales à l’œuvre : les étudiants issus de milieux favorisés ou titulaires d’un bac général sont surreprésentés parmi les réorientés. À l’inverse, les bacheliers professionnels ou technologiques, ainsi que les enfants d’ouvriers, ont moins accès à cette mobilité académique, faute de ressources ou de soutien.
Parcoursup, pensé comme outil d’entrée dans le supérieur, est devenu aussi le théâtre des réorientations — une évolution peu anticipée par les politiques publiques. La plateforme permet de reconfigurer son parcours, mais sans dispositif clair pour accompagner ces bifurcations.
Réorienter, ce n’est pas renoncer : c’est souvent se repositionner avec lucidité. Pour que cette étape devienne une chance plutôt qu’une fracture, encore faut-il outiller les étudiants, au-delà des seuls vœux formulés en terminale.
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