Clémence Aliaga : une ingénieure enracinée dans l’expérimentation végétale

Publié le 5 septembre 2025
Temps de lecture estimé : 5 min

Cet été, Clémence Aliaga troque ses bottes de terrain contre la casquette de cheffe de projet pour co‑organiser Méca‑Culturales avec les Cuma du bassin de l’Adour, tout en suivant le programme expérimental de la station Arvalis de Montardon. Ingénieure agro de formation, passionnée par l’expérimentation végétale et l’innovation agricole, elle raconte comment rigueur, adaptabilité et esprit d’équipe façonnent son quotidien et donne ses conseils aux jeunes qui souhaitent suivre ses pas.

Cet été 2025 est particulièrement chargé pour Clémence Aliaga. Entre la gestion des essais en plein champ à la station Arvalis-Institut du végétal de Montardon, près de Pau, et la préparation du salon Méca-Culturales, qu’elle co-organise, aux côtés des Cuma, en tant que cheffe de projet, les journées sont bien remplies. Mais la jeune ingénieure régionale a tout de même pris le temps de nous parler de son métier, de son parcours, et de ce qui l’anime au quotidien.

« Mon parcours n’est pas très compliqué » commence-t-elle modestement. Et pourtant, il illustre une trajectoire professionnelle à la fois fluide et engagée dans le domaine de l’expérimentation végétale. Après une classe prépa BCPST, Clémence Aliaga intègre Montpellier SupAgro (aujourd’hui, l’Institut Agro Montpellier), où elle choisit la spécialisation production végétale durable (PVD). C’est lors de son premier stage au laboratoire de pathologies végétales d’Arvalis qu’elle entre dans le monde de la recherche appliquée.

Du blé normand au maïs du Béarn

Diplômée en 2011, elle est recrutée en Normandie en tant qu’ingénieure régionale. Elle y travaille pendant quatre ans sur le blé tendre, avant d’être mutée à Pau. « Les cultures ne sont pas du tout les mêmes. Ici, j’ai appris à me spécialiser sur le maïs. » À peine installée, elle prend la responsabilité d’une équipe de dix techniciens et supervise l’ensemble du programme expérimental de la station, en lien avec les partenaires régionaux. « Je suis la mise en place d’une centaine d’essais sur les maïs dans la zone Sud Aquitaine et je m’occupe aussi de projets spécifiques sur le maïs doux en lien avec les industriels » détaille-t-elle

Une année rythmée comme un cycle cultural

Clémence Aliaga le dit avec enthousiasme : « Ce qui me motive le matin, c’est qu’on ne s’ennuie jamais. L’agriculture, c’est vivant. Il y a toujours un imprévu, toujours un nouveau défi. Dans mon métier, n’y a pas de semaine type, mais plutôt une année type. »

Le début d’année est consacré à la planification, aux formations et aux échanges avec les acteurs du territoire. Puis, viennent les implantations d’essais au printemps, les visites de terrain en été, et enfin les récoltes et restitutions techniques en automne.

Des enjeux techniques en constante évolution

Ces dernières années, la station de Pau a connu de nombreuses évolutions, comme l’explique l’ingénieure régionale : « Nous avons mis en place un méthaniseur expérimental pour travailler sur les digestats, les cultures intermédiaires à vocation énergétique, la fertilisation organique… et les questions de décarbonation des filières. » Une barre de phénotypage mobile permet également d’explorer l’architecture des plantes en 3D.

Clémence Aliaga insiste aussi sur l’enjeu crucial du moment : le maïs cultivé sans irrigation. « Ce sont de vraies questions de fond : comment rester rentable avec des coûts de production élevés et des terres à plus faible potentiel ? On ne peut plus gérer ces parcelles comme celles traditionnellement irriguées. »

Rigueur, adaptation, organisation

Pour les jeunes tentés par l’expérimentation, Clémence Aliaga insiste sur le bon équilibre à trouver : « Il faut être rigoureux et organisé, mais aussi souple et capable de s’adapter à ce que la météo ou les aléas techniques nous imposent. » Elle souligne également l’importance du sens du collectif : le travail en silo n’a pas sa place dans ce métier fait d’échanges, d’écoute et de coopération.

Et si certains souhaiteraient suivre sa voie mais redouteraient la fonction managériale liée à son poste, elle tient à les rassurer tout en insistant sur la nécessité d’y consacrer du temps. « Il ne faut pas en avoir peur, à condition que ce soit intégré dans la fonction. Il faut aussi être à l’écoute des gens. Et si on a la fibre, c’est une très belle mission. » Arvalis propose d’ailleurs formations et accompagnement pour les jeunes encadrants.

Après près de 15 ans d’expérience au sein de la structure, l’ingénieure prend également très au sérieux son rôle de transmission auprès des jeunes générations en accueillant des stagiaires de BTS ou d’écoles d’ingénieurs.

Et pour ce qui est du renouvellement de ses équipes, la station fait régulièrement appel à l’Apecita. « Si, de par mon parcours, je n’ai eu recours à leurs équipes qu’à titre informatif à mes débuts, c’est un canal de diffusion devenu incontournable pour recruter les profils agricoles et agro en phase avec les besoins du terrain. C’est pourquoi tous nos offres d’emploi et de stage sont diffusés sur leur site. »

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