Allan Debelle, coordinateur de la chaire Innov’Arbo à l’Institut Agro Montpellier « En impliquant les étudiants, la chaire Innov’Arbo rend l’arboriculture fruitière plus attractive ! »
Face aux défis du changement climatique, aux mutations économiques et à l’attractivité des métiers, la chaire Innov’Arbo a été créée pour rapprocher le monde professionnel de la recherche et de la formation. Lancée officiellement en janvier 2025, elle ambitionne d’accompagner la filière fruits dans la recherche de solutions concrètes à ses défis. Allan Debelle, son coordinateur, revient sur les enjeux, les partenaires et les actions à venir.
Pouvez-vous nous présenter la chaire Innov’Arbo et nous expliquer pourquoi elle a été créée ?
Allan Debelle : La chaire Innov’Arbo a été créée fin 2024 et officiellement lancée en janvier dernier lors du Salon Sival à Angers. Il s’agit d’une chaire « filière », un dispositif conçu pour rapprocher les professionnels du secteur et les acteurs de la recherche et de la formation. L’initiative vient d’ailleurs directement du monde professionnel, en particulier du secteur des pommes et de Pink Lady, qui souhaitaient un cadre structuré pour répondre aux défis actuels de l’arboriculture fruitière. Comme de nombreuses autres, cette filière est confrontée à des défis majeurs, notamment le changement climatique, les contraintes environnementales et les évolutions sociétales. Sa particularité est de reposer sur des cultures pérennes et la valorisation des fruits frais, ce qui réduit les marges de manœuvre face aux risques. Il est donc essentiel d’accompagner la filière vers une durabilité économique, sociale et agroécologique, tout en assurant le renouvellement des générations de professionnels.
Qui sont les partenaires impliqués dans cette chaire ?
Allan Debelle : Financée pour 4 ans par du mécénat d’entreprises via la fondation de l’Institut Agro, la chaire est portée par deux écoles de l’Institut Agro, Rennes-Angers et Montpellier, et implique également l’Université de Montpellier. Ce choix permet de bien représenter la diversité de la filière fruitière à l’échelle nationale. Elle repose sur une collaboration entre trois types d’acteurs : la recherche, la formation et le monde professionnel. L’ensemble des partenaires couvre un large panel de compétences : à la fois dans les disciplines des enseignants chercheurs qui sont impliqués avec des spécialistes de la physiologie des arbres fruitiers , du management et du marketing en agroalimentaire, ou de l’économie des organisations, mais aussi dans les entreprises qui sont réparties le long de la chaîne de valeur. Parmi elles, on retrouve Pink Lady, les représentants des producteurs à travers les AOP Pommes-Poires et Pêches-Abricots de France, Star Group sur l’aspect création et éditions de variétés, BASF pour les intrants et les solution numériques et DPKL pour le stockage au froid. On espère encore accueillir d’autres acteurs de l’agroéquipement et de la transformation.
Quels sont les grands axes de travail pour les quatre prochaines années ?
Allan Debelle : Nous avons défini trois axes stratégiques :
- 1. Comprendre et anticiper l’impact du changement climatique sur la production fruitière, en travaillant sur l’adaptation variétale, les modes de conduite des vergers, la protection des cultures et la conservation des fruits.
- 2. Renforcer la création de valeur et la résilience de la filière, en abordant la gestion des risques, la diffusion des innovations et l’évolution des marchés et de la consommation.
- 3. Valoriser l’attractivité de la filière et de ses métiers, en renforçant le dialogue entre les acteurs et en adaptant les formations aux besoins du secteur.
Comment allez-vous mettre en œuvre ces axes de travail ?
Allan Debelle : Nous allons produire des connaissances à travers des stages et des projets de groupe impliquant les étudiants. Nous organiserons également des conférences et des webinaires pour diffuser ces savoirs. Enfin, nous allons réfléchir à l’adaptation des formations pour mieux répondre aux attentes de la filière et aux besoins en compétences des entreprises.
Concernant l’attractivité des métiers, quelles actions allez-vous mener ?
Allan Debelle : Il faut savoir qu’il n’existe plus de formations initiales spécifiques en arboriculture fruitière, ni dans l’enseignement supérieur ni dans la filière technique. Notre premier objectif est donc de comprendre pourquoi et d’identifier les leviers pour rendre cette filière plus attractive.
Nous avons également lancé un premier stage sur l’image des métiers et le recrutement dans la filière. Il vise à identifier les freins à l’insertion professionnelle grâce à une enquête auprès d’acteurs clés comme l’Apecita, France Travail, les services d’insertion professionnelle au sein des écoles… Nous allons aussi proposer une étude auprès des étudiants de l’Institut Agro pour comprendre leur perception de la filière en fonction de leur lien familial avec l’agriculture.
Lors du dernier forum entreprises à l’Institut Agro Montpellier, nous avons mis en place un stand dédié à l’arboriculture fruitière, filière qui était habituellement très peu présente à cet événement. Les échanges informels que j’ai pu avoir avec les étudiants ont révélé qu’il n’y avait pas de blocage particulier, mais plutôt un manque de visibilité. De plus, l’image de la filière est positive, ce qui est encourageant pour l’avenir ! Et en impliquant activement les étudiants dans des projets concrets, nous espérons aussi les encourager à s’intéresser et à rejoindre cette filière qui aura besoin de leurs compétences d’ingénieurs agro pour relever ses multiples défis !
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