Paysans de Rougeline : des tomates au chaud grâce à l’énergie fatale
Au nord de la Gironde, le GIE des Brocs est partenaire d’un site d’enfouissement de déchets : sous la marque Paysans de Rougeline, 8 hectares de serres se chauffent à l’énergie dégagée par le site de Veolia. Les quatre associés du GIE produisent jusqu’à 4 800 tonnes de tomates grappe chaque année, pour une dépense énergétique de seulement 60 000 euros par an.
«L’énergie fatale fait baisser les charges de chauffage de 80 % par rapport aux énergies fossiles », affirme Christian Menegaldo, associé du GIE des Brocs, à Lapouyade. Au nord de la Gironde et à la frontière de la Charente-Maritime se cache une serre chauffée par le biogaz du site d’enfouissements de déchets voisin, tenu par Veolia. Depuis 2015, ce GIE y produit entre 4 600 et 4 800 tonnes de tomates grappe Paysans de Rougeline, sur une surface de 8 hectares. Les quatre associés du GIE ont choisi de se spécialiser sur ce segment de la tomate car « produire le maximum avec un coût énergétique le plus bas possible fonctionne bien pour la tomate grappe », affirme Olivier Hurel, chef de culture lui aussi associé du GIE. En effet, Christian Menegaldo, qui possède d’autres serres dans le Lot-et-Garonne, ajoute : « Comparée à mes autres serres, l’énergie fatale coûte sept à huit fois moins cher ! » Grâce au site de Veolia, la dépense énergétique annuelle s’élève à 60 000 euros en tout.
Du chauffage toute l’année
Après avoir été contactés par Veolia, les Paysans de Rougeline ont signé un contrat de 20 ans pour utiliser la chaleur du site de déchets. La chaleur, coproduit de la conversion du biogaz en électricité, s’appelle dans le jargon « énergie fatale ». « Nous récupérons en continu 5 mégawatts sous forme d’eau chaude à 70 °C », illustre Christian Menegaldo. Ainsi, les serres de Lapouyade sont chauffées toute l’année, même en saison estivale. « Cela réveille la tomate en douceur et évite les écarts thermiques trop importants en été, explique Olivier Hurel. Nous pourrions produire sans le chauffage, mais c’est un choix. Dans un système hors-sol on cherche l’efficience ! » Au plus haut de la saison, les serres produisent en moyenne 35 tonnes par jour.
Des variétés résistantes aux maladies
Le chef de culture du GIE des Brocs s’engage à « produire le plus possible avec moins d’intrants ». Les serres limitent notamment l’usage de traitement en cas de maladie. « Nous utilisons des variétés résistantes : Cloby et Cledomo de Syngenta », explique Olivier Hurel. De plus, le GIE met en place une lutte intégrée, avec l’usage de Macrolophus contre les ravageurs. « Cela demande de l’observation et une certaine expérience de la part des employés, mais ils se forment vite », se félicite Olivier Hurel. Parmi la quarantaine d’employés qui travaillent sous les serres de Lapouyade, une bonne moitié est en CDI et le reste se constitue principalement de saisonniers. Entretien du haut des plants, effeuillage, récolte, descente des lianes, pose de porte-bouquets, pesée et tri des dégrappés sont autant de tâches que de postes occupés au GIE des Brocs.
« Doubler les surfaces d’ici cinq ans »
L’entreprise ne cherche pas forcément des compétences particulières, « nous cherchons des personnes adaptables et nous les formons entièrement sur place, indique Roseline Menegaldo, associée du GIE et responsable RH. Depuis la Covid-19, les personnes ont envie d’essayer autre chose, ils cherchent un retour aux valeurs du terrain. Toutefois, nous ne trouvons pas beaucoup de profils qui souhaitent rester entre cinq et dix ans ». Relancer l’emploi dans ce secteur défavorisé de la Gironde constituait le deuxième enjeu de la serre après l’usage d’une énergie économe. D’ailleurs, la main-d’oeuvre représente un coût de 170 000 euros à l’hectare soit, rapportée à l’ensemble du site, plus de vingt fois la dépense d’énergie. Le GIE des Brocs s’apprête à poursuivre ses investissements et souhaite « doubler les surfaces d’ici cinq ans », annonce Christian Menegaldo.
Amélie DI BELLA ( Tribune Verte 3030)
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