Forteresse du Mont-Valérien : Les pigeons de l’armée française : des sportifs de haut niveau
Des soldats français hors du commun s’entraînent à une discipline de haut niveau. En effet, une centaine de pigeons voyageurs militaires sont coachés quotidiennement par le sergent Sylvain, au colombier du Mont-Valérien.
À Suresnes, dans la forteresse du Mont-Valérien, se trouve le dernier colombier militaire d’Europe. Créé en 1951 à Saint-Germain-en-Laye sous la présidence de Charles de Gaulle, le colombier militaire a été transféré à Suresnes en 1981, au 8e régiment de transmissions. Aujourd’hui, le maréchal des logis Sylvain, spécialiste en colombophilie, est le gardien des 200 pigeons élevés à Suresnes. Lorsque le petit-fils de colombophile a été muté à Suresnes en 2013, il s’est rapidement porté volontaire pour devenir responsable du colombier. Ainsi, depuis 2019, le sergent Sylvain élève, soigne et entraîne 140 pigeons voyageurs et une soixantaine de pigeons de beauté qui servent aux lâchers lors de cérémonies.
À la fois entraîneur et soigneur
« Bien soigné, un pigeon peut vivre jusqu’à vingt ans mais nos pigeons sportifs arrêtent leur carrière à sept ans », explique-t-il. En effet, les pigeons voyageurs du Mont-Valérien sont de véritables athlètes avec un entraînement digne des sportifs de haut niveau. « Dès qu’ils sont prêts, les pigeons suivent un entraînement hebdomadaire de 80 km et participent aux concours tous les week-ends, explique le sergent Sylvain. Les distances réalisées en concours vont de 120 à 1 000 km. » Les soixante pigeonneaux sélectionnés chaque année sur la base du pedigree des reproducteurs ne sont pas dressés à rentrer, contrairement à ce que l’on pourrait penser. En effet « le pigeonneau sait instinctivement faire », précise le sergent Sylvain. Au cours de leurs premiers mois de vie, les pigeonneaux s’imprègnent de leur environnement de naissance et commencent par voler autour du colombier. « Lorsque les jeunes pigeons arrivent à rentrer seuls, que leurs plumes sont bien formées et qu’ils commencent à roucouler, je les lâche de plus en plus loin du colombier », détaille le maréchal des logis. Ils sont d’abord lâchés à 2 km de leur foyer natal puis, progressivement, jusqu’à 80 km. D’après leur entraîneur, un pigeon peut parcourir 80 km entre 1 h 30 et 2 h 30 !
Comme tout bon sportif, les pigeons du Mont-Valérien suivent un régime alimentaire adapté à leurs entraînements en période de compétition. « Avant le concours, ils ont un mélange de graines riches en protéines avec des compléments multivitaminés, et au retour un mélange détox afin d’évacuer les toxines de l’effort, explique le sergent Sylvain. Ils prennent également un bain : tout est mis en place pour optimiser leur récupération ! » Le maréchal des logis est à la fois leur entraîneur et leur soigneur : il s’occupe du nourrissage, du nettoyage et du bien-être général des pigeons. Il travaille d’ailleurs régulièrement avec le vétérinaire des armées pour leurs soins.
Un prétexte pour aborder les deux guerres mondiales
Si avant l’existence des moyens de communication modernes, les pigeons voyageurs étaient essentiels pour transmettre des messages, aujourd’hui, les pigeons militaires du Mont-Valérien servent surtout à faire vivre son musée. « Nos pigeons permettent de présenter les deux conflits mondiaux sous un autre angle », explique le sergent Sylvain, qui occupe également des fonctions de guide et conservateur du musée. En effet, les pigeons voyageurs ont été utilisés comme « moyen dégradé » pendant les première et seconde guerres mondiales lorsque le matériel moderne ne fonctionnait pas ou était détruit. « Aujourd’hui, plusieurs moyens techniques permettent de pallier les pannes, rassure le maréchal des logis. Si toutefois nous avions besoin que les pigeons reprennent du service, nous pourrions rapidement recréer un maillage à l’aide des colombophiles civils de France. » En cas de panne générale, les pigeons resteraient bien moins rapides que nos moyens de communication actuels. Vous ne recevrez pas vos numéros de Tribune Verte par pigeon de sitôt !
— Amélie DI BELLA (Tribune Verte 3046)
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