Écolience, Poitou-Charentes : Le pari de la graine au produit fini
Dans le Sud Vienne, Écolience imagine un concept nouveau autour de la bio. Cette exploitation diversifiée sur 260 ha transforme et valorise l’ensemble de ses produits dans ses ateliers agroalimentaires. La vingtaine de salariés devrait être triplée d’ici cinq ans.
À l’été 2021, la première pierre du projet Écolience était posée à Genouillé (Vienne). Sur cette ferme diversifiée sur 260 ha en bio, l’objectif était de transformer l’intégralité de la production sur place grâce aux ateliers agroalimentaires. Deux ans plus tard, la concrétisation est là ! Le projet des fondateurs, Frédéric Grünblatt et Marlène Castan, poursuit sa phase de lancement et multiplie les embauches.
Dans les champs, 22 cultures, à destination de l’alimentation humaine essentiellement, sont en rotation. Blés, orges, lentilles, pois chiche, camelines, tournesols, lins, courges, etc. « En 2022, nous avons travaillé 1 400 t de matières premières sur un rayon de 8 km en moyenne. L’objectif est aussi d’être bas carbone, pour répondre aux enjeux du changement climatique », insiste Frédéric Grünblatt. Écolience espère travailler 8 000 t à l’horizon 2028, avec l’apport de producteurs partenaires sur un rayon maximum de 100 km.
Trier, transformer
Pâtes, huiles, bières, pains, mais aussi gâteaux… Tout est préparé sur l’unité de 4 000 m² construite au beau milieu des champs. Le site compte un équipement de triage haut de gamme des graines, notamment proposé en prestation aux agriculteurs locaux. Une fois prêtes à être transformées, les graines sont valorisées au sein de différentes unités de transformation agroalimentaire. « Nous sommes sur des ateliers de type gros artisans », explique Claude Mary, le directeur général d’Écolience, en poste depuis deux ans et issu du monde de l’industrie agroalimentaire.
À quelques centaines de mètre du site principal, une chèvrerie accueille 220 chèvres de race poitevine en lactation. Elles seront 450 l’année prochaine. Quatre salariés sont dédiés à la partie élevage. Le lait, pour l’heure livré en laiterie, sera valorisé par la transformation fromagère sur place dès septembre 2024. Enfin, une maraîchère, fraîchement installée sur 4 ha, complétera les ressources d’Écolience avec un panel de légumes voués à être intégrés aux différentes recettes.
Croire en la bio
« Le marché du bio atteignait + 12 % de croissance au lancement de notre projet. Nous avions envisagé une progression à seulement +2 % pour être en sécurité. Mais nous n’avions pas imaginé un recul de 16 % », reconnaît le couple de fondateurs qui se veut confiant grâce à un projet de territoire. « Nous devons créer de partenariats avec des enseignes spécialisées, comme avec So.bio (lire ci-dessous) sans s’interdire la grande distribution régionale. Nous ajustons l’offre en fonction de la demande : davantage de fûts de bière auprès des cafés, hôtels et restaurants locaux demandeurs, la réduction de la boulangerie au profit de la biscuiterie, plus rentable, ou les prestations de triage de graines auprès d’agriculteurs bios du secteur également en attente ! » Une boutique sur site devrait ouvrir prochainement pour accueillir les clients et des visiteurs variés (scolaires, séminaires, etc.). Une vingtaine de salariés travaillent déjà sur l’unité de production : responsables R&D, qualité et développement de produits, commercials, ouvriers agroalimentaires, etc. L’entreprise s’est donné 5 ans pour atteindre 60 à 70 salariés. L’investissement établi à 12 M€ s’est terminé à 14 M€ du fait de la hausse des matériaux et de choix techniques. À son lancement, l’usine visait un chiffre d’affaires de 20 M€ à 5 ans. Conscients d’imaginer un modèle unique, les fondateurs rêvent désormais d’inspirer de futurs entrepreneurs pour voir se multiplier ce genre d’initiatives dans différentes régions de France.
— Olivier LÉVÊQUE (Tribune Verte 3031)
Un partenariat avec SO.BIO
La société So.bio (magasins So.bio et Bio c’ Bon), a signé à l’automne 2023 avec Écolience un partenariat commercial d’engagement de volumes de produits issus de l’exploitation poitevine. Outre les graines de courge, premier produit structurant le contrat, plusieurs références de lentilles et pois chiche en vrac, pâtes, huiles et bières artisanales font l’objet d’accords de distribution. En 2024, les farines seront aussi intégrées à la démarche.
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