CPF : cap sur la co-construction malgré la menace d’un coup de rabot 

En 2024, le Compte personnel de formation (CPF) a confirmé son rôle central dans le financement des parcours de formation des actifs. Selon les derniers chiffres publiés par la Caisse des Dépôts, près de 1,4 million de dossiers CPF ont été financés en 2024, un volume en légère augmentation par rapport à 2023. 

Fin 2024, le catalogue Mon Compte Formation proposait 184 500 formations dispensées par 13 700 organismes, couvrant 3 480 certifications différentes. Cette richesse apparente cache une concentration forte : plus d’une formation sur deux se situe dans le domaine des transports, manutention et magasinage ou des langues vivantes. 

Le poids des transports, manutention, magasinage augmente encore, pour la deuxième année consécutive (38 % du catalogue fin 2024, 32 % fin 2023 et 27 % fin 2022). Cette tendance s’explique largement par l’omniprésence du permis de conduire catégorie B qui représente à lui seul 25 % des formations proposées au catalogue, ainsi que l’élargissement du financement aux permis moto (A2) depuis janvier 2024. 

Dans le top 4 des certifications souscrites par les bénéficiaires en 2024, on retrouve : 

  • Permis B : 22% 
  • Permis moto A2 : 10% 
  • Bilan de compétences : 6 % 
  • Création ou reprise d’entreprise (ACRE) : 5 % 

Des effets contrastés de la participation forfaitaire obligatoire 

L’introduction en mai 2024 d’une participation forfaitaire obligatoire (PFO) de 100 € pour chaque formation a créé des dynamiques différenciées. La stabilité de la consommation par rapport à 2023 cache donc des dynamiques très contrastées entre le premier et le second semestre de l’année. 

Cette mesure a particulièrement impacté les formations au permis moto : 95 % des permis moto (A2) ont été souscrits au premier semestre, avant l’introduction de la PFO. Les demandeurs d’emploi, exonérés de cette participation, ont vu leur part progresser (34 % des bénéficiaires contre 31 % en 2023). 

Le CPF co-construit avec les entreprises 

La réforme du compte personnel de formation (CPF) a aussi franchi un nouveau cap en 2025 avec l’entrée en vigueur d’un décret du 14 avril 2025, qui sécurise officiellement la co-construction du CPF entre salariés et employeurs. 

Comme le détaille le site moncompteformation.gouv.fr, « le principe est simple, vous restez libre d’utiliser votre CPF comme vous le souhaitez et de suivre le parcours de formation de votre choix parmi les offres éligibles sur le site. S’ajoute à cela la possibilité pour votre entreprise de venir doter votre compte de droits supplémentaires, également en ciblant spécifiquement une formation. L’entreprise peut prendre en charge une partie du coût de votre formation (abondement) et vous guider dans le choix des organismes adaptés, tout en simplifiant les démarches pour mobiliser vos droits. Il s’agit là d’un projet de formation co-construit avec votre employeur, en fonction de vos aspirations et de ses besoins en compétences. » 

Le 25 juin 2025, la Caisse des Dépôts organisait à ce sujet une table ronde réunissant le ministère du Travail et une quarantaine d’entreprises. 

L’occasion de présenter les résultats d’un sondage réalisé par CPFormation auprès de professionnels RH, responsables formation, dirigeants et experts du secteur : 84 % des répondants se déclarent favorables à un CPF co-construit entre salarié, entreprise et plateforme.  Et 63 % ont déjà commencé à cofinancer les projets de formations de leurs collaborateurs. Cependant, des freins persistent, notamment administratifs et liés au manque d’outillage approprié. 

Un avenir sous contrainte budgétaire ? 

L’année 2026 s’annonce encore pleine d’incertitudes pour le CPF. Le gouvernement envisagerait une nouvelle série de restrictions, visant à limiter les financements alloués aux prestations jugées trop coûteuses ou trop fréquentes. Les deux principaux dispositifs concernés : le bilan de compétences et le permis de conduire, qui représentent à eux seuls une part significative des dépenses du CPF. 

BFM Business rapporte des pistes à l’étude : plafonnement des prises en charge entre 1 200 et 1 700 €, limitation à un bilan tous les cinq ans, et instauration d’un nombre d’heures plancher pour garantir la qualité du dispositif. En réaction, les principales fédérations professionnelles ont lancé un cri d’alarme, célébrant l’efficacité du bilan — jugée satisfaisante à 89 % par les bénéficiaires — et défendant son rôle essentiel dans les transitions professionnelles. 

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