Transition énergétique : Enosis inaugure la première unité industrielle de méthanation biologique en France 

Le 20 mars 2025, la start-up Enosis a inauguré, dans les Hauts-de-France, DENOBIO, la toute première unité de méthanation biologique à l’échelle industrielle, connectée au réseau de gaz naturel français. Ce démonstrateur, installé en partenariat avec l’unité de méthanisation agricole Energia Thiérache, ouvre la voie à une valorisation inédite du dioxyde de carbone (CO₂) dans la production de gaz vert. 

Le principe ? Capturer le CO₂ émis lors de la méthanisation agricole — un processus qui transforme des résidus organiques en biogaz — pour le combiner à de l’hydrogène produit par électrolyse grâce à de l’électricité renouvelable. Ce duo chimique permet de produire du méthane de synthèse, aussi appelé e-méthane, prêt à être injecté directement dans le réseau de gaz naturel, en remplacement du gaz fossile. 

« La méthanation est un levier essentiel de la transition énergétique. Elle accroît la production de gaz renouvelable sans augmenter l’usage de biomasse et permet de stocker l’électricité et l’hydrogène sous forme de méthane. Ce dernier peut être acheminé via les réseaux de gaz naturel » souligne Vincent Guerré, président d’Enosis. 

Une technologie made in France, fruit de dix ans de R&D 

Conçu en partenariat avec plusieurs laboratoires français, dont le TBI (INSA Toulouse), ce procédé repose sur des micro-organismes capables de transformer le CO₂ en méthane, dans des conditions maîtrisées et optimisées. Une innovation durable, soutenue par l’État via le plan France 2030 et la Région des Hauts-de-France, qui s’inscrit dans la stratégie nationale de décarbonation. 

Au-delà de sa dimension technologique, DENOBIO démontre qu’un nouveau modèle d’économie circulaire est possible : valoriser un gaz autrefois rejeté pour produire une énergie propre, stockable et directement utilisable dans les infrastructures existantes. 

Une première injection imminente dans le réseau 

Particularité notable : le méthane produit par DENOBIO sera injecté dans le réseau gazier opéré par GRDF, une première en France pour une installation de méthanation biologique. Une étape déterminante qui illustre la maturité du projet et ouvre la voie à d’autres unités industrielles dans les années à venir. 

Pour Xavier Passemard, directeur biométhane chez GRDF : « GRDF cherche à mobiliser toutes les capacités de gaz verts afin de contribuer à la souveraineté énergétique et à la décarbonation. C’est pourquoi il est crucial pour nous de contribuer au développement d’une technologie prometteuse comme celle d’Enosis, qui crée des synergies avec des procédés déjà matures comme la méthanisation et permettra d’alimenter nos clients de la région avec des volumes accrus de gaz décarbonés. » 

Des ambitions nationales pour l’e-méthane 

DENOBIO n’est qu’un début. Enosis prévoit déjà de dupliquer sa solution sur d’autres sites, qu’ils soient agricoles, industriels ou issus de stations d’épuration. À horizon 2035, les gestionnaires de réseaux français estiment que l’e-méthane pourrait représenter 8 TWh de production nationale, s’ajoutant à une filière biométhane déjà en forte croissance.