Télétravail : les femmes en première ligne de la charge invisible
Adopté massivement depuis la crise sanitaire, le télétravail s’est installé durablement dans le paysage professionnel. Mais selon une étude publiée par la Dares en mars 2025, cette organisation du travail renforce les inégalités de genre : les femmes, plus exposées à la charge mentale et au travail domestique, paient un prix plus lourd pour cette flexibilité. Un constat qui invite à repenser les équilibres entre sphères professionnelle et privée.
Plébiscité par de nombreux salariés depuis la crise sanitaire, le télétravail est devenu une composante majeure du monde professionnel. En 2023, 26 % des salariés français télétravaillent régulièrement, selon une étude de la Dares publiée en mars 2025. S’il est souvent perçu comme un gain de liberté et un levier de conciliation entre vie professionnelle et personnelle, le télétravail révèle aussi des effets pervers, en particulier en matière de santé mentale et d’égalité entre les sexes.
Une organisation du travail qui fragilise le lien social
La pratique du télétravail modifie profondément les dynamiques professionnelles. L’éloignement physique des collègues et de la hiérarchie peut générer un sentiment d’isolement, affaiblir le soutien social et éroder le sentiment d’appartenance à l’entreprise. Certains salariés rapportent une baisse de motivation et un sentiment de déclassement, notamment lorsqu’ils ne disposent pas d’un environnement de travail adapté à domicile.
Cette situation peut être aggravée par une intensification du travail : sans séparation claire entre les sphères personnelle et professionnelle, beaucoup éprouvent des difficultés à se déconnecter. La porosité des frontières favorise une forme d’hyperconnectivité, qui génère du stress, de la fatigue et parfois un épuisement progressif.
Une inégalité genrée : les femmes, grandes perdantes du télétravail ?
L’étude de la Dares met également en lumière un aspect souvent sous-estimé : la réassignation implicite des femmes au domicile. Si le télétravail permet théoriquement de mieux concilier travail et obligations familiales, il se traduit, dans les faits, par une augmentation du travail domestique et de la charge mentale pour les femmes.
En étant davantage présentes à la maison, elles deviennent les interlocutrices par défaut pour les tâches quotidiennes : préparation des repas, gestion des enfants, prise en charge des imprévus. Ce glissement vers une “double journée” accentue une charge mentale déjà très présente, souvent invisible mais lourde de conséquences sur leur bien-être et leur carrière.
Vers une gestion plus équilibrée du télétravail
Selon les conclusions de la Dares, le télétravail expose donc à de nouveaux risques psychosociaux dont les principales causes sont la distanciation sociale, l’intensification du travail et la difficile articulation entre vie professionnelle et vie familiale. À ces risques, qui pèsent essentiellement sur la santé mentale des personnes salariées, s’ajoutent des risques physiques, propres au télétravail (problèmes musculo-squelettiques, tendance à la sédentarité…). « L’existence de ces risques ne signifie nullement qu’ils surviendront certainement dans le quotidien des télétravailleurs et télétravailleuses, précisent les auteurs de l’étude. En revanche, ils doivent être correctement identifiés par les organisations et les acteurs de la prévention et de la santé au travail. »
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