Conscious quitting : quand les salariés démissionnent pour rester fidèles à leurs valeurs 

Publié le 18 juillet 2025
Temps de lecture estimé : 4 min

Fini le temps où l’on restait en poste par sécurité ou loyauté aveugle. Un vent nouveau souffle sur le monde du travail : celui du “conscious quitting”, ou l’art de démissionner en conscience. Porté par une génération en quête de sens, ce phénomène pousse de plus en plus de salariés à quitter une entreprise lorsque ses valeurs ne sont plus alignées avec les leurs. Et pour les entreprises, le message est clair : il ne suffit plus d’afficher des engagements RSE, encore faut-il les incarner. 

L’expression “conscious quitting” a été popularisée par Paul Polman, ancien patron d’Unilever, dans le rapport Net Positive Employee Barometer publié début 2023. Ce baromètre révélait une tendance forte : près des trois quarts des salariés interrogés aux États-Unis et au Royaume-Uni refuseraient un emploi dans une entreprise peu engagée sur les questions climatiques. Pire : plus d’un tiers accepteraient un salaire inférieur pour rester en accord avec leurs valeurs personnelles. 

Et la France ne fait pas figure d’exception : une enquête réalisée par l’Unédic et l’institut Elabe en 2023 révèle que 44% des salariés pourraient quitter une entreprise dont les pratiques vont à l’encontre de la transition écologique, tandis que 48% jugent cette raison suffisante pour ne pas y postuler. En 2023, un sondage Odoxa pour Oracle, indique qu’un salarié français sur quatre affirme qu’il pourrait démissionner de son poste pour rejoindre une entreprise plus en accord avec ses valeurs.  

Une tendance générationnelle 

À l’origine de ce mouvement, on retrouve principalement les moins de 35 ans. Ces jeunes actifs, que certains appellent déjà les “climate quitters”, n’hésitent plus à tourner le dos à des carrières prometteuses lorsque l’impact social ou environnemental de leur entreprise leur semble insuffisant. 

Un article paru le 13 juin 2025 sur Helloworkplace dresse un portrait de cette génération lucide et engagée. : « « Imaginez : vous êtes jeune, diplômé, plein d’ambition… et vous travaillez pour une entreprise dont les actions ne sont pas en phase avec vos convictions environnementales et sociales. Frustrant, non ? C’est le sentiment qui habite de plus en plus de salariés, en particulier les moins de 35 ans. Ils n’hésitent plus à mettre les voiles pour trouver une entreprise plus en phase avec leurs valeurs. En fait, les jeunes actifs ne veulent plus seulement un salaire : ils souhaitent un travail qui ait du sens, qui contribue à un monde meilleur. C’est l’émergence d’un “salarié citoyen”, plutôt jeune, qui veut que son entreprise s’engage pour la planète. Si elle n’est pas l’écoute ou si elle n’agit pas, il est prêt à la quitter pour voir si l’herbe est plus verte ailleurs. » 

Un signal d’alerte pour les entreprises 

Ce phénomène n’est pas un simple effet de mode. Il est en train de devenir un critère stratégique pour les recruteurs et DRH. Car le conscious quitting ne signale pas seulement une insatisfaction : il met en lumière un manque de sens, de dialogue et d’alignement éthique entre l’entreprise et ses collaborateurs. 

Un bon salaire, une politique de télétravail souple ou des afterworks conviviaux ne suffisent plus à retenir les talents. Ce que les collaborateurs attendent, c’est un engagement sincère et mesurable. 

Des leviers pour prévenir l’érosion 

Certaines entreprises l’ont bien compris. Pour regagner la confiance des salariés, elles investissent dans des bilans carbone transparents, soutiennent des initiatives sociales portées en interne ou mettent en place des politiques d’achat responsable. D’autres intègrent directement les salariés aux décisions ESG (environnement, social, gouvernance), en instaurant un dialogue ouvert, des questionnaires anonymes et des comités dédiés. 

Vous l’aurez compris : l’idée, ce n’est pas d’être parfait, mais d’être crédible. Les salariés veulent voir des actes, pas seulement des discours. 

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