« Faire dialoguer agriculture et énergie : des compétences clés chez AS DEV »

Publié le 6 mai 2025
Temps de lecture estimé : 7 min

Ingénieur passionné d’agriculture et pionnier du solaire appliqué au monde rural, Sébastien Ackermann a fondé AS DEV en 2021 pour concilier transition énergétique et durabilité agricole. À la tête d’une équipe en pleine expansion, il défend une approche exigeante de l’agrivoltaïsme, centrée sur les besoins des territoires et le respect des exploitants. Rencontre.

Sébastien Ackermann, pouvez-vous nous raconter la genèse d’AS DEV ?

Sébastien Ackermann : AS DEV, pour Agriculture et Solaire Développement, est née fin 2021 et a réellement démarré ses activités début 2022. Mon idée était simple : faire le lien entre mes deux domaines de compétence — l’agriculture et le solaire — pour développer des projets agrivoltaïques qui fassent sens pour les territoires. Mon parcours personnel m’a naturellement mené vers cette synthèse.

Justement, quel est votre parcours ?

S. A. : : Je suis né et j’ai grandi dans une ferme en Moselle, dans une région de polyculture-élevage. L’agriculture est mon socle. Ensuite, j’ai suivi un cursus d’ingénieur en électronique, énergétique et télécommunications. J’ai passé dix ans dans de grands groupes télécoms, mais ma passion, c’était déjà le solaire. En 2009, j’ai créé ma première entreprise, Base Innovation, autour d’un panneau solaire hybride produisant à la fois électricité et air chaud. Le solaire thermique à air chaud n’est pas idéal pour le chauffage domestique, mais il est parfait pour les besoins agricoles, notamment le séchage du fourrage, des céréales, du bois. Nous avons accompagné ainsi plusieurs centaines d’exploitations dans toute la France, en travaillant aussi sur la qualité des prairies, l’autonomie alimentaire, les pratiques fourragères… J’ai développé une expertise reconnue dans ce domaine, au point d’animer des formations et des groupes de travail notamment en lien avec les chambres d’agriculture.

Et l’agrivoltaïsme, dans tout ça ?

S. A. : À partir de 2018-2019, des énergéticiens sont venus me voir : ils pressentaient que le photovoltaïque au sol susciterait des oppositions s’il n’était pas intégré à une logique agricole. J’étais sceptique au début quant au développement de cette solution. Mais en parcourant la France, j’ai vu que certaines terres peu mécanisables, sensibles au climat et appauvries n’avaient plus d’avenir dans un modèle agro-industriel classique. C’est là que l’agrivoltaïsme prend tout son sens.

Comment conciliez-vous production énergétique et respect des terres agricoles ?

S. A. : Chez AS DEV, nous défendons une vision rigoureuse de l’agrivoltaïsme : ce n’est pas un projet énergétique auquel on greffe un vernis agricole, mais bien un projet agricole dans lequel le photovoltaïque est un levier. Cela permet de restaurer des prairies, de développer des systèmes fourragers durables, voire de relancer l’élevage. Ce n’est en rien une artificialisation des sols : c’est souvent plus vertueux que certaines cultures intensives. Rappelons qu’il suffirait de moins de 0,5 % de la SAU française couvert par des solutions agrivoltaïques pour atteindre l’objectif fixé par la dernière programmation pluriannuelle de l’énergie à l’horizon 2050. C’est très peu : à titre de comparaison, les agrocarburants mobilisent aujourd’hui 8 à 10 fois plus de surface pour une performance énergétique bien moindre.

Où en est AS DEV aujourd’hui ?

S. A. : Après un démarrage en solo en 2022, nous avons progressivement constitué une équipe. En deux ans, nous sommes passés de 1 à 8 salariés, et aujourd’hui, en 2025, nous sommes environ 25. Nos clients vont des grands énergéticiens comme TotalEnergies ou EDF, aux structures plus modestes. La seule exception concerne certains opérateurs avec lesquels nous refusons de collaborer pour des raisons éthiques, notamment lorsqu’il n’y a pas de respect du monde agricole.

Quelles sont vos principales activités ?

S. A. : Nous avons deux pôles principaux. D’abord, l’accompagnement au développement territorial via AgriPV Solutions, notre structure dédiée à la mise en relation entre agriculteurs et énergéticiens. Ensuite, notre cœur de métier actuel : la réalisation des études agricoles réglementaires nécessaires à l’obtention des permis de construire. Elles se décomposent en quatre étapes :

  1. 1. Un audit agricole pour comprendre le fonctionnement de l’exploitation.
  2. 2. Une étude technico-économique pour mesurer les impacts du projet sur l’exploitation.
  3. 3. Une étude préalable agricole qui évalue les effets sur l’économie locale.
  4. 4. Une synthèse agricole, document clé pour les commissions d’instruction de la CDPENAF (Commission départementale de préservation des espaces naturels, agricoles et forestiers) et de la DDT (Direction départementale des territoires).

Notre travail ne s’arrête pas là. Nous développons une activité de suivi agronomique sur toute la durée de vie des projets, soit 30 à 40 ans. C’est indispensable pour garantir que l’activité agricole est bien maintenue.

A noter que si nous sommes reconnus pour notre expertise dans le domaine de l’élevage et des fourrages, nous intervenons sur tout type de filières.

Quels sont les métiers que l’on retrouve chez AS DEV ?

S. A. : Notre équipe est composée d’environ 15 chargés d’études agricoles qui sont principalement des ingénieurs agronomes et techniciens agricoles. Ils mènent les audits, rédigent les études, dialoguent avec les agriculteurs et les autorités. D’autres occupent des fonctions de coordination, de commerce ou de support technique et administratif.

Quelles compétences que vous recherchez chez vos collaborateurs ?

S. A. : Une solide formation en agronomie est évidemment indispensable — qu’il s’agisse de production végétale, d’élevage, d’économie agricole ou de sciences du sol. Mais cela ne suffit pas. Ce que nous attendons avant tout, c’est une compréhension fine du fonctionnement concret des exploitations, notamment des systèmes d’élevage, qui sont parmi les plus contraignants. Il faut savoir ce qu’implique la vie d’un éleveur pour concevoir des projets réalistes et respectueux de ses contraintes.

Et au-delà de la technique, quelles sont les qualités indispensables ?

S. A. : Nos collaborateurs doivent avoir une vraie connaissance du tissu agricole : les coopératives, les chambres d’agriculture, les industriels, les circuits de commercialisation. Ils doivent aussi être capables d’aborder la ferme comme un système global, complexe, où interagissent des paramètres techniques, humains, économiques et climatiques. Une compétence en ingénierie financière est également précieuse, car l’agrivoltaïsme peut aider à financer des investissements nécessaires, à condition de bien en comprendre les leviers. À cela s’ajoutent des aptitudes rédactionnelles solides, pour produire des documents à la fois rigoureux et lisibles, ainsi qu’une grande aisance relationnelle. Nos ingénieurs sont souvent des passeurs de langage entre deux mondes qui se comprennent mal : l’agriculture et l’énergie.

En somme, vous recherchez des profils très complets ?

S. A. : Absolument. Ce sont à la fois des experts techniques, des pédagogues, des médiateurs. Ils doivent être profondément ancrés dans le monde agricole tout en ayant la capacité d’en expliciter les enjeux à d’autres univers. Ce n’est pas simple à trouver, mais c’est ce qui rend le métier aussi riche et utile.

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