Agrivoltaïsme : portrait d’une filière en pleine maturation

Publié le 6 mai 2025
Temps de lecture estimé : 4 min

Alors que le changement climatique fragilise de plus en plus la pérennité des exploitations agricoles françaises, le premier baromètre national de l’agrivoltaïsme, conduit par Ipsos pour Sun’Agri, met en lumière une solution innovante qui suscite intérêt et attentes : l’agrivoltaïsme. Cette enquête dresse un état des lieux sur la perception et l’adoption de cette technologie, à la croisée des chemins entre agriculture et transition énergétique.

« 2024 est l’année la plus pluvieuse et la moins ensoleillée depuis plusieurs décennies, et pourtant l’une des plus chaudes jamais mesurées, explique Cécile Magherini, directrice de Sun’Agri, pionnier français de l’agrivoltaïsme. Les récoltes 2024 sont, sans surprise, une catastrophe historique et générale, en céréales comme en viticulture. Parmi les pires récoltes depuis 50 ans. Quelle entreprise peut recruter ou même survivre avec une baisse imprévisible d’un quart du chiffre d’affaires deux années sur trois ? Face à ce défi, pas de fatalisme ni de panique, dans un métier habitué à l’humilité de travailler avec le vivant. Mais une prise de conscience claire et des investissements, non pas dans une mais dans plusieurs solutions, qu’il faudra combiner pour limiter les risques climatiques. L’agrivoltaïsme a là-dessus un avantage compétitif intéressant : la protection climatique est autofinancée par l’énergie solaire produite, et l’infrastructure peut mutualiser plusieurs dispositifs (irrigations, filets, etc.). »

Qu’est-ce que l’agrivoltaïsme ?

L’agrivoltaïsme consiste à associer sur un même site une production agricole (maraîchage, élevage, vigne, etc.) et, de manière secondaire, une production d’électricité par des panneaux solaires photovoltaïques. Mais au-delà de la simple production d’énergie, l’objectif est double : protéger les cultures des aléas climatiques (excès de chaleur, gel, grêle) et conserver voire améliorer leur rendement, tout en générant de l’électricité verte.

Les systèmes les plus avancés permettent d’adapter en temps réel l’inclinaison et la position des panneaux en fonction des besoins des plantes et des conditions météorologiques, favorisant une meilleure gestion de l’eau et un microclimat plus stable.

Un cadre réglementaire désormais clair en France

Depuis 2023, l’agrivoltaïsme en France est encadré par la loi d’accélération des énergies renouvelables (APER) et par un décret d’application publié en avril 2024.

Ce cadre juridique précise notamment que tout projet agrivoltaïque doit avoir pour finalité première de préserver ou améliorer la production agricole. Les textes stipulent également que ces projets ne doivent en aucun cas réduire le revenu agricole tiré de l’exploitation des terres. Cette condition garantit que l’agrivoltaïsme ne devienne pas une simple opportunité foncière ou énergétique au détriment de la production alimentaire.

Des craintes à lever

Le premier baromètre national de l’agrivoltaïsme, conduit par Ipsos pour Sun’Agri, met en avant un consensus fort chez les exploitants : 76 % des agriculteurs identifient le changement climatique comme une menace majeure pour la pérennité de leur métier. Les aléas climatiques (sécheresse, gel, grêle), conjugués à la pression économique et réglementaire, créent une situation d’incertitude durable.

Face à ce défi, la réponse du monde agricole est inégale : la moitié a l’intention de s’outiller de nouvelles solutions. Parmi celles-ci, l’agrivoltaïsme est bien placé, en 3ème position après l’évolution variétale et l’irrigation, mais devant l’agroforesterie et les abris.

Pourtant, des craintes persistent chez les agriculteurs autour du déploiement de l’agrivoltaïsme. En premier lieu, ils sont 52 % à citer la réaction du voisinage. Or, le baromètre souligne que 61% des citoyens seraient favorables à une installation agrivoltaïque dans leur environnement proche. Seule une faible minorité y est opposée (6%).

C’est dans ce contexte que Sun’Agri et plusieurs de ses partenaires producteurs d’énergies se sont engagés à respecter les trois bonnes pratiques du cycle de vie d’un projet agrivoltaïque : concerter sincèrement et proactivement avec les parties prenantes, étudier et travailler à son intégration paysagère et proposer un démantèlement à l’issue du bail.

Avec le cadre réglementaire désormais stabilisé et une meilleure sensibilisation des professionnels, des pouvoirs publics et des citoyens, le déploiement des projets agrivoltaïques devrait s’accélérer dans les années à venir.

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